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Chine, le péril jaune...


... Qui débute avant même l'entrée...

La demande de visas fût un vrai casse-tête chinois; le terme y est parfaitement approprié!!! Nous nous sommes rendus au consulat de Chine à Marseille pour connaître les démarches précises pour ce type de road trip en self-driving. Aucun agent n'a été capable de nous renseigner et on nous a même répondu que ce mode de voyage est impossible et que notre visa serait refusé... Néanmoins, on nous fournit les formulaires de demande de visa et la liste de documents à produire : passeport, photo d'identité, lettre d'invitation, réservations d'hôtels, relevés bancaires des 6 derniers mois, bulletins de salaires, programme du voyage avec les étapes et les visites...

Quant à l'agence chinoise, Chengdu Greatway qui organise notre convoi, elle nous demande aussi un certain nombre de documents pour effectuer les différentes démarches administratives (plaque d'immatriculation chinoise, permis de circuler chinois, invitations pour le Chine et le Tibet, déclarations à la douane pour le véhicule, assurance automobile etc...) : passeport, photo d'identité, permis de conduire, carte grise et photos du véhicule (avant, arrière et latérale)...

Le visa chinois n'étant valable que 3 mois, nous prenons la décision d'effectuer la demande en cours de chemin à Astana au Kazakhstan afin de ne pas dépasser la date de validité... (CF "Au pays de Borat!!!")

JOUR 1 : Frontière et YINING (province du Xinjiang)

Nous, le convoi au complet, arrivons enfin à la frontière chinoise vers 7h30; le poste n'ouvre qu'à 8h30! Le début d'une longue attente...

Les portes s'ouvrent et nous nous avançons dans un dédale de routes, sur plusieurs kilomètres, pour atteindre le premier poste frontière... Les passagers doivent descendre du véhicule pour franchir les contrôles, pendant que les conducteurs attendent patiemment à tour de rôle l'inspection des engins... On nous avait raconté que le passage en douane en Chine était horriblement stricte avec des fouilles complètes des véhicules (tout sortir et ouvrir) et des fouilles au corps, qu'il fallait cacher les livres ou tout objet relatif au Dalaï Lama etc... Au final, rien de tout cela! Les véhicules, motos comprises, n'ont pas été examinés de fond en combles; les douaniers y jettent un œil rapidement. Après ce premier contrôle, nous arrivons au deuxième poste, cette fois-ci côté chinois, et là nous réalisons que l'attente sera encore plus longue...

Notre guettons l'arrivée de notre guide Safina, récupérée de l'autre

côté par un douanier. Nous sommes soulagés de la voir car personne

ne comprend le chinois!

L'un d'entre eux me (Chan) montre du doigt... Et notre guide me demande mon passeport, à moi seule... Quel est le problème??? Il est suspicieux qu'une asiatique accompagne des européens ou qu'une asiatique puisse avoir la nationalité française???!!!... J'informe notre guide que je suis bien française et qu'elle peut le traduire au douanier!!!

Puis tous les passagers sont amenés à passer au détecteur. Nous avançons au guichet pour vérifier nos passeports. Pendant ce temps, les conducteurs amènent leur engin au détecteur aussi. Nous n'avons pas à sortir tous nos bagages, coffres etc...

Commence alors une série d'allers et retours, d'entrées et de sorties, d'un guichet à un autre etc... On fouille nos sacs et l'un de nos quatre motards se fait confisquer son couteau, pas de cuisine mais un gros couteau laissé dans son gros sac de voyage... On ne s'attendait pas à cela... Martin est dépité mais il doit se résigner à s'en séparer... Un crève-cœur car ce couteau a une valeur sentimentale... Nous sommes tous tristes pour lui... Après cette fouille, on nous conduit vers un autre bureau avec nos véhicules. Des agents inspectent à nouveau les machines même succinctement... Puis encore une longue attente pour obtenir l'autorisation d'entrée en Chine...

Toutes ces démarches ont duré plus de 7h! Pas si long au final pour un groupe de 13 personnes!!! Nous avons mis quasiment autant de temps à deux en Mongolie ou en Russie!!!

Nous voilà enfin sortis de la frontière; notre aventure peut réellement commencer... Prône, l'épouse de Michel est venue avec notre guide et nous attend de l'autre côté de la barrière de la frontière.

Nous partons déjeuner tous ensemble, il est aux environs de 17h. Puis nous décidons tous de partir à Yining, à environ 80km, au lieu de passer la nuit sur place à Huocheng. Demain sera une longue journée pour effectuer les démarches administratives pour les engins, sans lesquelles nous ne pouvons pas circuler en Chine...

JOUR 2 : YINING

Départ de l'hôtel vers 9h et en cours de chemin le convoi est arrêté par un policier... La raison : les poids-lourds/camions sont interdits de circulation à partir de 9h pour éviter les embouteillages durant les heures de pointes... Notre guide lui explique que nous devons nous rendre à la Préfecture pour la paperasse habituelle et qu'elle a oublié les restrictions horaires... Le policier finit par nous laisser partir...

Avant tout, chaque véhicule doit passer le contrôle technique ! Nous arrivons au site et nous passons devant une file d'attente de camions, attendant aussi leur passage au contrôle technique... Encore des heures de patience bien que nous ayons évitée toute cette queue interminable... Les motos ont simplement eu un contrôle visuel des phares et des clignotants. Jusque là tout va bien ! Quand aux voitures, elles doivent passer sur des bancs de test pour vérifier l'état des freins. Cécile et Pierre avec leur camion, et Elena et Christophe avec leur Suzuki Vitara passent le contrôle sans difficulté. Quant aux trois autres véhicules dont le nôtre, elles sont recalées... La guide nous informe que nous pouvons repasser au contrôle technique cet après-midi après avoir effectué les réparations nous-même ou au garage. Le problème c'est que nous ne savons pas précisément quelle est la faille technique ou mécanique... Notre guide se renseigne auprès des contrôleurs mais cela reste encore très vague... Michel décide de vider son Defender pour l’alléger. Il repasse au contrôle et il obtient son habilitation. Olivier et Henri retendent le frein à mains de leur Defender avec cellule ; eux aussi obtiennent le sésame ! Quant à nous, c'est le début d'un enfer... Je (Moy) purge le circuit des freins arrières mais nous sommes à nouveau recalés... On nous explique que les freins arrières ne fonctionnent pas suffisamment puisque les pneus ne se bloquent pas totalement... J'essaie de leur expliquer que c'est la particularité des Nissan Patrol GR Y60 des années 90 ; les pneus arrières ne se bloqueront jamais intégralement, comme dans le cas d'un système ABS des véhicules plus récentes. Les contrôleurs ne tiennent pas compte de cet élément et ils me disent que je dois faire réparer par des professionnels... Il est tard et nous devons revenir le lendemain pour une nouvelle tentative. Nous décidons d'effectuer les réparations le soir-même par un garage cette pour être sûrs d'avoir l'agrément. Chose faite ! Je pars accompagné de la guide vers 19h, de Olivier et Henri qui souhaitent aussi effectuer des réparations.

Pendant ce temps, les autres partent dîner au restaurant suggéré par Safina, notre guide. J'ignore (Chan) combien de temps les réparations dureront... Je me joins au groupe, mais je laisse à la réception de l'hôtel un message adressé à Moy afin qu'il nous rejoigne au restaurant avec Olivier et Henri dès leur retour du garage. Nous n'avons pas d'autres moyens de les avertir...

Yining est une ville entièrement refaite, pas un chat hormis notre groupe sur la route du restaurant. La ville semble figée, les bâtiments semblent artificiels comme dans les villages d'Euro Disney...

Arrivés au restaurant, nous sommes accueillis comme des princes avec une allée de serveurs! Martin, le leader des motards, passe commande. Quant à Pierre, il nous offre du vin rouge, lui-même n'en buvant pourtant pas, pour fêter la validation des engins du groupe presque dans sa totalité ! La journée fût très longue et elle n'est pas finie pour trois d'entre nous !!!... Les plats arrivent les uns après les autres... Nous avons très faim et nous commençons à nous servir ! Un, deux, trois, quatre, cinq... Mais combien de plats Martin a commandé pour onze personnes ??? Seize au total !!!... C'est un menu spécialement varié pour une découverte de la cuisine chinoise! C'est complètement différent de ce que l'on nous sert habituellement en France ! Des plats équilibrés et surtout succulents avec des légumes, du poisson, de la viande, des soupes, pour la modique somme de 8€ par personne !!! (CF "L'art culinaire" pour les photos de plats)

Il se fait tard et aucune nouvelle des trois hommes... A mi repas, je (Chan) ressens des scrupules en pensant à Moy au garage... Je décide de retourner à l'hôtel pour vérifier s'ils sont rentrés. Cécile se propose de m'y accompagner. Mais personne... Nous retournons au restaurant, puis une demie-heure plus tard, nous voyons Moy arriver ! Les deux autres hommes sont restés à l'hôtel pour finir leurs réparations. Le garage a effectué un check-up de notre voiture. Les mécaniciens ont pratiqué une nouvelle purge des freins arrière et ont retendus le câble du frein à mains. Nous pensons avoir l'agrément le lendemain après ces interventions...

JOUR 3 : YINING

Malheureusement, ce n'est pas le cas...

Notre véhicule passe à nouveau au contrôle technique et on nous refuse encore l'agrément... On nous répète toujours le même prétexte : les freins arrières ne se bloquent pas totalement ! Je (Moy) m'obstine aussi à leur répéter que les pneus arrières ne se bloqueront jamais comme ils le souhaitent puisque c'est la particularité de notre modèle de voiture, mais rien n'y fait... Nous avons une ultime solution : aller dans un autre garage juste à proximité du centre de contrôle technique. Notre guide se démène pour faire passer notre voiture en priorité auprès du patron du garage. Ses employés diagnostiquent un problème avec le récepteur limiteur des freins arrières qui semble endommagé et serait la cause du dysfonctionnement des freins arrières, selon les critères chinois... Chaque mécanicien essaie tant bien que mal de retirer le limiteur ; l'un y donne des coups de marteau, l'autre force dessus etc... Je (Moy) suis horrifié par leur acharnement et je crains qu'ils ne détériorent encore plus notre voiture... Je vérifie sur le forum spécifique aux Nissan Patrol GR, www.patrol-gr.net, et je lis qu'il ne faut surtout pas supprimer ce fameux récepteur limiteur, ce qui anéantirait définitivement le freinage arrière... Je m'empresse d'avertir les mécaniciens puisqu'ils n'ont pas de pièce de rechange à nous fournir ! Ils continuent à extraire violemment la pièce... Je finis par m'emporter et les somme d'arrêter immédiatement leur massacre ! Ils s’exécutent. Je leur demande de remonter notre véhicule comme à l'origine, mais ils tardent à le faire... Mes nerfs lâchent, je suis dépité, je réalise que notre voiture ne pourra jamais passer au contrôle technique et par conséquence cela compromet la suite de notre aventure... Chan est près de moi et fond aussi en larmes, mais nous nous soutenons, nous restons soudés, rien ne pourra entacher l'amour que nous portons l'un à l'autre ! Elena et Christophe, deux de nos co-équipiers, sont restés à nos côtés pour nous aider et nous épauler. Christophe rétorque que les seules personnes du convoi qui ne méritent pas de mettre un terme à la traversée chinoise, ce sont nous deux parce que nous avons seuls fondé le groupe... Quant aux autres co-équipiers, ils ignorent notre situation et sont rentrés à l'hôtel après avoir reçus leur sésame : l'autorisation de circuler en Chine avec leur propre engin !...

Nous deux sommes effondrés, dévastés... Il s'agit de notre moyen de voyage ; sans lui nous pouvons dire adieu à notre aventure si longtemps désirée et préparée... Nous venons de parcourir plus de 15.000km et il nous est inconcevable d'interrompre notre périple !

Nous ignorons comment franchir cet obstacle, mettre aux normes chinoises notre voiture... Peut-être nous faudrait-il trouver un limiteur neuf, mais il n'en existe pas en Chine car notre Patrol est beaucoup trop ancien. D'ailleurs, nous apprenons que les véhicules de plus de 20ans sont interdits de circulation en Chine !!!... Pour quelles raisons l'agence de voyage chinoise ne nous a pas avisés de ce fait primordial ??? Cela aurait changé complètement notre périple et nous aurions contournés le pays, même si cela aurait été très compliqué et coûteux! Nous sommes furieux par leur manque de professionnalisme, par ce manque d'information ! Et nous le leur ferons bientôt savoir après avoir récupéré notre caution...

Nous essayons de considérer d'autres solutions comme celle de nous faire envoyer de France la pièce mais cela prendrait au moins une semaine et il est impossible de retarder le convoi car nous avons l'obligation de parcourir le pays tous ensemble...

Ensuite notre réflexion nous mène à deux autres réponses :

1/ soit faire transporter notre engin jusqu'à la frontière laotienne. Notre guide se renseigne pour le coût et nous annonce un prix entre 3.000€ et 3.300€... Une somme exorbitante, nous devons abandonner le projet...

2/ soit faire marche arrière, non pas revenir en France, mais juste revenir au Kazakhstan pour effectuer un énorme détour en passant par le Kirghizstan, Tadjikistan, Afghanistan, Pakistan, Inde, Bangladesh, Birmanie, Thaïlande puis arrivée au Cambodge... C'est un plan B que nous n'avions jamais imaginé et cela risque d'être très complexe… Nous allons devoir repenser notre aventure avec toutes les complications administratives en deux mois, alors que notre road trip a été préparé à l'origine durant près d'un an... Mais nous n'avons pas d'autres choix, celui-ci semble le plus adéquat...

Les mécaniciens ne se décidant toujours pas à reconstituer notre voiture comme à l'origine, je (Moy) prends l'initiative de le faire moi-même... Mais je m'aperçois qu'ils ont aussi endommagés le frein avant gauche ; le pneu s’agrippe et tourne difficilement ! Calmé, je leur demande gentillement de me réparer le frein tel qu'il était avant de leur confier notre Patrol. Ils s'exécutent à nouveau. Ensuite, ils finissent de ré-assembler l'arrière de la voiture. Je demande de tester l'engin avant de partir mais il est encore en plus mauvais état qu'à l'arrivée... Les freins arrières ne fonctionnent plus du tout, seuls les freins avant opèrent ! Je fais conduire les mécaniciens pour qu'ils le contrôlent eux-même, mais ils proclament que la voiture freine normalement comme à notre arrivée ! Je persiste à affirmer le contraire ; la joute verbale s'éternise une bonne demie-heure... Puis ils nous proposent d'essayer de la réparer ! Les mécaniciens sont totalement démunis par la complexité de notre voiture ; nous réalisons qu'ils sont incapables de la remettre en état... Je (Chan) m'y oppose très fermement car ils l'ont déjà suffisamment abîmée et je ne souhaite pas qu'ils l'immobilisent durant des jours pour les réparations voire la récupérer comme épave !!!... Je (Chan) demande à Safina, notre guide, la facture, même si cela n'est pas très honnête de nous faire payer vu les dégâts... Elle va consulter le patron du garage et revient en nous annonçant qu'elle refuse de nous, ses clients, faire payer la note ! Nous sommes ravis qu'elle ait défendus nos intérêts !!!

La pilule avalée, nous retournons à l'hôtel pour annoncer au convoi entier que nous devons interrompre notre traversée de la Chine...

Elena et Christophe se chargent de convoquer le groupe en se rendant dans chaque chambre... Nous réunissons tout le monde à l'extérieur de l'hôtel. Les uns après les autres arrivent et se demandent ce qui se trame... Nous deux avons un air grave... Ils nous interrogent sur notre agrément et nous leur répondons qu'il faut attendre les retardataires pour l'annonce... Mais nous ne pouvons pas attendre Cécile et Pierre car tous ceux présents s'inquiètent... Je (Chan) décide de tout divulguer... Je les informe en anglais, la gorge serrée, que notre véhicule n'a pas eu l'agrément, qu'il est impossible de le mettre aux normes et que les mécaniciens ont détérioré notre véhicule ! La seule solution s'offrant à nous est de contourner la Chine par l'Ouest... Je finis par craquer à nouveau, je n'arrive pas à retenir mes larmes par épuisement, par colère, par frustration de ne pouvoir continuer l'aventure avec cette équipe géniale etc... Cécile et Pierre arrivent en cours d'annonce...Tous sont abasourdis, ils ne comprennent pas, ils ne réalisent pas... Certains co-équipiers, ou plutôt nos amis, nous prennent dans leurs bras, essaient de nous réconforter, compatissent, pleurent avec nous... Tous essaient de trouver une autre solution ! Ils nous disent tous que nous ne pouvons pas faire marche arrière vers le Kazakhstan et que nous trouverons tous ensemble d'autres solutions ! Personne ne nous abandonne, tout le monde se sent impliqué dans notre cas d'école ! Pierre et Cécile nous propose de nous prêter 1.000 à 1.500€ si nous envisageons de faire transporter notre voiture jusqu'à la frontière laotienne ! Elena continue en nous assurant qu'ils nous avancerons aussi la somme et ferons participer tout le groupe !!! Quel élan de générosité venant de personnes que nous connaissons pour certains depuis quelques semaines et d'autres quelques jours !!! Nous sommes touchés, nous sommes émus, nous nous sentons entourés et rassurés ! Cécile revendique qu'elle ne partira jamais sans nous deux, Pierre ajoute qu'ils sont prêts à rester une ou deux semaines de plus avec nous sur place pour résoudre notre problème et que les autres co-équipiers peuvent continuer leur chemin... Ils n'arrivent pas à se résoudre de nous abandonner car nous sommes leurs piliers, selon eux ! Ils débordent de spontanéité, sympathie, d'amitié, de compassion, de gentillesse, de générosité et même d'amour !!! Nous sommes comblés, nous ne formons plus seulement un convoi mais une famille de cœur !

Pierre, à nouveau spontanément, demande à Safina si le fait de faire transporter notre engin jusqu'à la frontière, quelque soit le mode de transport, nous garantirait de quitter la Chine sans complication, sachant que nous continuerons notre aventure avec nos nouveaux amis, dispatchés dans les autres véhicules. Sa réponse est affirmative ! Et dans une impulsion de génie, Pierre interroge Safina sur la possibilité de faire rentrer notre Patrol dans son camion Iveco de 8 tonnes !!!... L'idée est complètement folle, délirante, rocambolesque, extravagante, déjantée car cela signifie que Pierre et Cécile doivent démolir tout leur intérieur ! Ils ont aménagé leur engin comme un appartement comprenant une chambre avec douche et WC séparés du salon-cuisine !!! Je (Chan) proteste, il est inconcevable qu'ils ruinent leur intérieur pour nous ; nous avons pris la décision de rebrousser chemin ! Mais têtu comme il est, Pierre continue à questionner Safina qui, après quelques prises de renseignements, nous confirme que le plan est envisageable mais qu'elle ne peut pas nous garantir que cela est légal et que nous prenons des risques avec la Police lors des contrôles intempestifs... Elle n'a jamais fait face à ce genre de cas durant toute sa carrière de guide, ni même l'agence chinoise qui l'a sollicitée !

Nous deux répétons à Pierre et Cécile que l'idée est complètement dingue et que eux-même sont aussi dingues !!!

Ni une ni deux, Pierre part chercher un mètre pour mesurer précisément les dimensions de notre engin et du sien ! Je (Moy) le suis, sans réellement réaliser ce qu'il se passe, totalement stupéfait, époustouflé par la réaction de nos amis, particulièrement Cécile et Pierre ! D'autres amis nous suivent pour corroborer les mesures ! Après quelques courtes minutes, mais qui m'ont (Chan) semblées interminables, ils reviennent tous le sourire aux lèvres : notre voiture entre complètement dans le camion après quelques petits démontages !!! Nous voulons nous assurer auprès de Pierre et Cécile que leur folle décision doit être bien réfléchie et que nous ne leur tiendrons pas rigueur de leur repli. Ils ne réfléchissent pas et ont pris définitivement leur décision : on le fait !!! C'est complètement insensé, nos amis sont totalement déments et c'est ainsi que nous les aimons !!!

Nous ne perdons pas de temps, tout le monde sans exception s’attelle à démolir l'intérieur du camion !

Quant à moi (Moy), je démonte notre pare-choc avant et arrière, j'enlève le pneu de secours accroché à l'arrière, je dépose les cantines de la galerie !!!

Quelques photos de l'intérieur du camion, puis entièrement démonté et vidé...

Le convoi au complet est déterminé et nous travaillons tous main dans la main dans la joie et la bonne humeur ! Nous ne réalisons toujours pas ce que nous vivons ! Quelle harmonie, complicité, générosité, joie !!!

Après quelques heures, le camion est prêt à accueillir notre Patrol ! Mais pour cela, il nous faut une rampe d'accès... Martin et Fabian, deux des quatre motards partent à la recherche et nous en trouvent une à moins d'un kilomètre de l'hôtel !!! Miracle !!! Je (Moy) pars avec notre voiture, et Pierre avec son camion et nous suivons les quatre motards en direction de la rampe. Quelques instants plus tard, les six reviennent avec notre 4x4 à l'intérieur de l'engin !!! Formidable, tout s'est déroulé à la perfection sans anicroche ! Nous sommes tous euphoriques!!!

Et pour célébrer l'événement, Martin porte un toast : « Le premier jour nous étions tous des voyageurs, le deuxième jour nous sommes devenus amis, le troisième nous sommes devenus encore plus amis, et le quatrième jour nous formons une famille !!! ». Bravo Martin, on ne pouvait pas faire mieux ! A notre tour, nous les remercions tous très chaleureusement ! Nous n'aurions jamais imaginé ce genre d'issue ! Si Cécile et Pierre n'avaient pas été là, nous aurions pliés bagages quelques jours plus tard vers le Kazakhstan et aurions dû payer un supplément de 1.400€ pour un nouveau guide qui nous escorterait jusqu'à la frontière kazakhe et pour toutes les nouvelles démarches administratives...

Des autochtones ahuris par tout ce qui se trame, par toute cette agitation, nous observent, nous prennent en photo, et l'un d'entre eux nous apportent un carton rempli de bières !!! Quelle surprise !!! C'est un des vigiles des commerces à proximité qui souhaite nous faire plaisir sans rien demander en retour ! Notre euphorie a produit en lui cette générosité! L'un de nos amis apporte du vin rouge et nous la savourons tous ensemble. Puis le même vigile repart à nouveau et revient avec une autre caisse remplie de bières et de vins rouge aussi !!! Ce petit bonhomme est magique et extraordinaire !!!

A minuit tapante, nous chantons tous en chœur, après avoir avertis discrètement tous nos amis, pour célébrer l'anniversaire de Prône!

Nous dînons sur le pouce, repas offerts par Elena et Henri ! Ils ont pris cette adorable initiative et nous pouvons continuer de plus belle nos travaux. La nuit sera longue pour certains d'entre nous car il faut charger le camion des équipements de Pierre et Cécile à conserver, avant notre départ pour la prochaine étape le lendemain : réfrigérateur, gazinière, canapé, moto etc... On bourre notre Patrol au maximum !

JOUR 4 : QUITUN

Le réveil est magique, tout est rentré dans le camion, un autre miracle !!! Nous sommes prêts à reprendre la route tous ensemble ! La journée commence bien... mais pas pour longtemps...

Nous parcourons quelques kilomètres, pas encore sortis de Yining, quand un accident survient... Dominic, l'un des motards, se fait volontairement percuter par une cycliste au moment où il démarre ! Il ne l'a pas vu venir parce qu'il avait la tête tournée à l'instant où il commençait à avancer... Safina part faire l'interprète et la Police arrive... Nous craignons tous des conséquences pour Dominic... La cycliste est complètement hystérique ! Safina lui demande si elle est blessée, auquel cas nous l'emmènerons à l'hôpital. Elle refuse. Puis Safina lui propose de la dédommager financièrement, mais elle refuse aussi !!!... Ahurissant comme réponses !!! Mais que veut-elle donc ??? Juste que Dominic lui fasse des excuses !!!... C'est le monde à l'envers ! La cycliste a volontairement causé l'accident et veut des excuses de sa victime !!!... Safina est complètement hébétée et annonce aux policiers que nous refusons de discuter avec une personnelle démente, irrationnelle, désaxée et que nous reprenons tous notre route ! Les policiers finissent par incendier la cycliste qui a dû passer un sale quart d'heure!!!...

Après cette folle émotion, notre journée se déroule normalement, les routes sont agréables.

En cours de route, je (Chan) propose de faire une surprise à Prône pour son anniversaire ce soir : lui offrir un beau gâteau d'anniversaire! Tout le groupe se prête au jeu et je mets Michel dans la confidence... Safina, notre guide, s'empresse de le commander par téléphone; il nous sera livré à l'hôtel directement.

Nous partons dîner tous ensemble dans un restaurant de grillades. Nous nous régalons! Au retour, nous attendons que Michel et Prône s'installent dans leur chambre, puis tous réunis nous frappons à leur porte avec le gâteau, les bougies et la chanson bien évidemment! Prône est émue et heureuse!

JOUR 5 : TURPAN

Dans certaines villes, des voies sont spécialement dédiées aux deux roues. Néanmoins, de nombreux motocyclistes ne les empruntent pas ce qui provoquent parfois des accrochages et accidents. A peine nous reprenons la route qu'un nouvel accident se produit ! Cette fois-ci entre Pierre et un motocycliste... Seuls Miche et Prône sont témoins car nous autres roulons loin devant eux et n'avons pas vu le déroulement. Le motocycliste est sorti de sa voie pour se rabattre sur celle des voitures. Malheureusement, passait par là, et le motocycliste a percuté le côté latéral droit du camion... Il s'est retrouvé à terre contusionné essentiellement au dos. Michel et Prône roulant juste derrière Pierre et Cécile se sont arrêtés et ont pris spontanément des photos de l'emplacement du camion et de la moto pour les constituer comme preuves à le Police ! Quelques minutes plus tard, elle intervient sur les lieux de l'accident, suivi de la Police Technique qui effectue des photos et constate les dégâts matériels et corporels... Chacun donne sa version et le motocycliste chinois est de mauvaise foi. Il accuse Pierre de l'avoir poussé de sa voie... Impossible aux vues des photos fournies par Prône et Michel ! Les débats s'éternisent. Le motocycliste exagère sur son état de santé, il feint de s'évanouir... Personne n'est dupe ! Mais la Police souhaite l'emmener à l'hôpital pour effectuer un contrôle. Soudain, arrive un homme en voiture qui déclare être témoin de l'accident... En creusant, nous nous rendons compte qu'il s'agit d'un ami du motocycliste ! Nous nous opposons à ce faux témoin et notre guide explique tout aux policiers. Ces derniers réalisent la supercherie et réprimande agressivement l'homme ! Ce dernier emmène le motocycliste à l'hôpital accompagnés de Cécile et Safina pour la traduction. Imaginez l'ambiance dans le véhicule...

Quant à nous autres, des policiers nous emmènent nous mettre en sécurité, y compris Pierre. Si les médecins trouvent un état grave au motocycliste, Pierre risquerait cher malgré l'adhésion d'une assurance automobile effectuée par l'agence de voyage Chengdu Greatway... Après plusieurs heures d'attente, Cécile et Safina nous rejoignent... Le motocycliste a des blessures mineures, quelques brûlures, ni plus ni moins, il s'en remettra. Néanmoins, Pierre doit verser 300 yuan (environ 40€) pour les frais de déplacements de la remorque pour la moto alors qu'il n'est pas responsable de l'accident !!!...

Nous reprenons la route en début d'après-midi après ce grand moment d'émotions, de tension, d'angoisse... Après quelques kilomètres, Safina reçoit l'appel d'un des policiers qui lui transmet un devis des réparations à effectuer sur la moto... Le couperet tombe, Pierre doit verser une somme supplémentaire de 1.080 yuan (environ 145€) en complément des frais de réparations pris en charge par notre assurance à hauteur de 2.000 yuan (environ 260€)... A quoi sert cette assurance si les conducteurs doivent ajouter de leur poche d'autant plus sans être responsable de l'accident ??? C'est aberrant ! Si Pierre et Cécile ne souhaitent pas payer, ils doivent retourner dans la ville en attente de nouvelles expertises qui peuvent durer deux à trois jours... Ils préfèrent payer pour ne pas retarder le convoi... Quelle injustice... Bienvenue en Chine !!!...

Malgré ce moment de stress intense, j'arrive (Chan) à contempler le paysage qui m'est familier... Les vignes!!!

Voici leurs caves à vins dans lesquelles les raisins vont pouvoir fermenter. Pour votre culture générale, la Chine fait partie des 10 plus grands producteurs de vins en quantité!

JOUR 6 : HAMI

Exceptionnellement, aucune catastrophe ce jour! Nous pouvons enfin profiter des paysages sublimes du désert de Gobi (le même désert qui s'étend jusqu'en Mongolie mais avec des routes en parfait état!), à défaut de visites plus culturelles puisque nous arrivons systématiquement tard tous les jours dans chaque nouvelle étape!

JOUR 7 : DUNHUANG

Nous parcourons environ 400km et arrivons sans encombre cette fois-ci à destination !

Nous deux souhaitons trouver un street food pour dîner sur le pouce tout en visitant la ville. Finalement, nous dînerons dans un restaurant en plein centre ville, un peu cher à notre goût lorsqu'on nous apporte l'addition... plus de 60 yuan par personne, soit environ 8€ !

JOUR 8 : DUNHUANG

Au matin, je (Chan) pars visiter les dunes de sable en compagnie de Elena, Christophe, Prône et Michel. Notre toute première visite depuis notre entrée en Chine!!! Nous découvrons sur le site une foule de touristes chinois sur leur chameau en file indienne, gravant les dunes!!! Nous sommes les seuls touristes occidentaux...

Quant à moi (Moy), je décide de ne pas y aller car le billet d'entrée est cher (120 yuan, environ 16€) et nous devons nous partager les visites à tour de rôle ou en fonction de ce qui nous intéresse. Les tickets sont exorbitants, ils varient entre 20 (2,70€ environ) à plus de 500 yuan (70€ environ), allant d'une simple visite de lacs, de monastères, de musées, de forêts, de grottes aux palais etc... Les chinois font TOUS payer !!!

Nous n'avons pas autre choix que de nous restreindre puisque nos dépenses en Chine sont beaucoup plus élevées que dans les autres pays traversés. Nous n'avions pas prévu de budget hôtel puisque l'agence nous a prévenu au dernier moment que nous serons obligés de loger à l'hôtel durant plus de 15 jours ; les régions du Xinjiang et Tibet étant des zones « dangereuses et risquées pour les touristes »... Par ailleurs, les hôtels sont plutôt onéreux par rapport aux prestations proposées... Il faut compter entre 200 (environ 27€) et 380 yuan (environ 50€) par nuit...

JOUR 9 : GOLMUD 2.780m

Safina, notre guide (photo ci-dessous, à ma droite), passe son dernier jour avec nous...

Les spots sont superbes aussi!

Nous entamons l'ascension et le camion commence à sentir les effets de l'altitude : le moteur chauffe, le convoi doit s'arrêter... Seule solution : ouvrir le calandre et conduire ainsi!

Ce soir nous retrouvons notre nouveau guide à l'hôtel. Il se nomme Thobthen, il est tibétain et nous accompagne exclusivement au Tibet. Nous faisons connaissance avec Thobthen, il nous est sympathique, il est souriant et a l'air zen !

JOUR 10 : AMDO (TIBET)

Nous devons parcourir plus de 500km et tout le monde commence à être à bout de force avec un passage de col à 4.767m !

Nous arrivons enfin au Tibet, un autre de nos rêves qui se réalise...

Tous sans exception commencent à ressentir le mal de montagne, mais cela reste encore supportable... Quant à Henri, il se sent vraiment très mal, il supporte le moins bien l'altitude. Nous l'emmenons à l'hôpital et le médecin lui administre de l'oxygène pendant 30 min et du paracétamol. Il se sent mieux mais il est diminué.

Pierre aussi ressent des effets indésirables, probablement dûs à l'altitude et à la fatigue. Il est aussi exténué par tous les embouteillages interminables en raison des travaux sur la route. Les chinois ne savent pas du tout gérer la circulation et les files d'attente s'allongent de minutes en minutes...

La nuit tombe et Pierre est à bout de force... Nous sommes à environ 150km de l'hôtel où sont déjà arrivés nos co-équipiers qui partent régulièrement devant nous : les motards, Michel et Prône. Pierre refuse de continuer la route ! Nous en informons Thobthen qui doit absolument trouver une solution pour nous cette nuit... Nous souhaitons tous nous arrêter mais il nous signale qu'il est impossible car aucun hôtel de la ville n'est habilité à accueillir des touristes étrangers. En effet, en Chine (N.B. : le Tibet fait partie intégrante de la Chine...), les hôtels reçoivent une accréditation du gouvernement pour louer des chambres aux étrangers, les autres ont l'interdiction de le faire... Nous insistons et Thobthen part au commissariat pour leur demander l'autorisation de camper sur place ou de trouver un hôtel même non habilité... Néanmoins, il ne pense pas pouvoir négocier que nous huit restions ensemble sur place... A son retour, il a une bonne nouvelle à nous annoncer : nous pouvons tous rester et la Police nous a trouvé un hôtel ! Bon boulot Thobthen !!! Nous sommes tous soulagés. La police nous escorte jusqu'à l'hôtel pour s'assurer qu'on y reste bien ! Mais le lendemain, nous devons partir tôt, seule condition de pouvoir passer la nuit sur les lieux !

Nous prévenons nos co-équipiers qui nous attendent à Nacqu, installés à l'hôtel.

JOUR 11 : NAMTSO 4.718m (TIBET)

Départ matinale vers 7h30 ; Thobthen passe au commissariat sur le chemin pour avertir la Police de notre départ, comme convenu.

Nous retrouvons le reste du groupe à l'hôtel à Nacqu, puis repartons tous ensemble pour Namtso.

JOUR 12 : DAMXUNG (TIBET)

Une dizaine de personnes de notre groupe partent visiter le lac Namtso, tôt dans la matinée.

Quant à nous deux, nous n'estimons pas nécessaire d'y aller, à 120 yuan (environ 15€) par personne pour visiter un lac, même si les tibétains le considèrent sacré, nous paraît hors de prix, d'autant plus lorsque Thobthen m'a (Chan) raconté « l'histoire » du lac !... Malheureusement, ni Bouddha ne s'y est baigné, ni un miracle ne s'y est produit, par exemple... Les tibétains croient aux bienfaisances de l'eau et des montagnes, et leurs confèrent un caractère sacré. Ce lac est un lieu de pèlerinage pour de nombreux tibétains.

Après leur retour, nous partons tous ensemble pour Damxung.

JOUR 13 : LHASSA 3.650m (TIBET)

Destination tant attendue par beaucoup d'entre nous ! Nous parcourons environ 160km en 6h à cause des embouteillages liés aux travaux et poids-lourds (une fois n'est pas coutume !...) et du temps à parlementer pour que les motards fassent leur plein de carburant...

Au Tibet, tout comme dans la région du Xinjiang en Chine, les motards ne sont pas autorisés à remplir directement leur réservoir avec la pompe. Ils doivent se garer à l'extérieur de la station, remplir des jerrycans mis à disposition par la station, retourner vers leur moto pour remplir le réservoir, plusieurs fois si nécessaire !... Une procédure complètement absurde mais nos motards s'y sont toujours pliés jusqu'à cette station dont les jerrycans sont remplis de saletés. Ils se refusent d'introduire des résidus dans leur réservoir et souhaitent le remplir directement à la pompe, un désir légitime si on veut entretenir correctement son engin ! Malheureusement, les employés de la station refusent cet doléance... Nous passons de longues minutes à patienter, mais ma (Chan) patience à ses limites !!! Je vocifère de quitter cette station où les employés se regroupent pour nous observer comme des bêtes au lieu de nous servir le carburant (on n'est pas autorisé à se servir seul!) en ricanant, nous perdons du temps à parlementer avec des moutons incapables de prendre des initiatives ou de passer outre les procédures !!! Finalement, les employés nettoient les jerrycans et nos motards peuvent enfin faire leur plein et nous pouvons reprendre notre route !

Nous sommes à moins de 20km de Lhassa et nous nous dirigeons à notre hôtel avec un accès très étroit... Néanmoins, Pierre manœuvre habillement son engin et se gare sans accroche ! Bravo !!!

Nous sortons tous ensemble dîner dans un restaurant tibétain qui modernise un peu les plats traditionnels ! Un hamburger de yak pour moi (Moy), c'est délicieux !!!

Le vent se lève et la pluie tombe. Le patron nous invite à quitter la terrasse et à nous installer à l'intérieur. Un homme avenant qui a prêté deux blousons pour les plus frileuses !

La pluie ne s'arrête pas et nous décidons de prendre un taxi pour effectuer moins de 2km... Le seul qui s'est arrêté n'a pas voulu de nous ???... Nous, avec certains amis, prenons notre courage à bout de bras et dévalons les rues pour arriver rapidement à l'hôtel ! Les autres attrapent des rickshaws qui leur font payer un tarif démesuré : 30 yuan (environ 4€ pour 2km parcourus...)... L'attrape-touristes !!!

JOUR 14 : LHASSA (TIBET)

Certains d'entre nous partent visiter la ville, d'autres finissent leur nuit et font de la mécanique !

Je (Chan) suis de ceux qui visitent la ville ! Nous nous dirigeons vers le Palais du Potala mais nous ne le visitons pas de l'intérieur... Un tarif exorbitant pour nous tous : 70€/personne ! Un vrai racket...

Nous flânons autour du Palais.

Nous sommes entourés de pèlerins, de fidèles...

Puis nous continuons notre visite dans la vieille ville...

Quant à moi (Moy), j'aide mon ami Pierre à trouver un pneu neuf et des pièces pour réparer son problème de frein. Thobthen se propose de nous accompagner. Très généreusement et spontanément Elena nous met à disposition sa voiture pour nous déplacer dans la ville ! En camion c'est beaucoup plus compliqué et difficile !

Et cet après-midi, nous avons rendez-vous avec notre guide Thobthen pour aller visiter ensemble le monastère de Sera et nous prenons le bus public à 1yuan, soit environ 13centimes d'euros !

Nous ne sommes malheureusement pas autorisés à photographier l'intérieur du temple où les moines prient et méditent...

Ensuite, nous assistons à la joute verbale des moines. Un moment impressionnant mais déroutant...

Les touristes sont attroupés autour d'eux comme dans un zoo... Je (Chan) me sens gênée pour les moines, mais eux ne semblent pas du tout perturbés par notre présence ! Je prends rapidement quelques photos et vidéos et m'éclipse... Si seulement tous les touristes avaient la même présence d'esprit et du respect pour les laisser à leurs activités spirituelles...

Le retour à l'hôtel se fait tranquillement.

Nous retrouvons Moy et Pierre qui s'affairent toujours sur le camion... Ils n'ont rien trouvé, aucune référence ne correspond. Notre guide continue à se renseigner et il finit par dégoter une personne qui se charge de fabriquer des plaquettes de freins... Les heures passent, la nuit est tombée, nous espérons que le camion sera réparé puisque le départ du convoi est prévu le lendemain matin... Dans le cas contraire, nous devrons le retarder d'un jour...

Les pièces arrivent enfin, Pierre et moi-même (Moy) nous attelons jusqu'à 1h du matin... Le camion est prêt à repartir!!!

JOUR 15 : LINZHI (TIBET)

Aucune embûche ce jour... Cela nous sort totalement de l'ordinaire! Nous profitons de cette accalmie pour contempler les paysages...

JOUR 16 : TIBET

Prochaine étape : Baxoi à 430km.

Nos motards partent en avant, ainsi que Michel et Prône.

Les trois autres engins roulent ensemble à leur rythme. Après quelques kilomètres, je (Chan) sens une odeur persistante de brûlé... Devant nous, se trouvent Pierre et Cécile dans leur camion. Je soupçonne un problème mécanique, peut-être lié aux disques changés la veille... Je demande à Christophe de les dépasser et l'odeur disparaît ! Il s'agit bien du camion de Pierre et Cécile... Nous leur faisons signe de s'arrêter dès que possible. A l'arrêt, nous découvrons de la fumée sortir de trois des pneus ! Il a fallu de peu avant que la situation se dégrade et immobilise complètement le véhicule. Le camping car de Henri et Olivier s'arrête. Nous remplissons des bouteilles d'eau en plastique pour refroidir les disques et pneus, et de la vapeur d'eau en jaillit... Puis la pluie rebat de plus belle ! Nous patientons quelques minutes et reprenons notre chemin.

Nous pensions avoir fini pour la journée avec les galères...

J'ouvre (Chan) le convoi avec Christophe au volant, Elena et notre guide à l'intérieur. Nous stationnons au bord de la route ne voyant pas le camion suivre. Puis nous décidons de rebrousser chemin au bout de 5min, alors que Pierre apparaissait dans le rétroviseur quelques mètres derrière nous... Un accrochage entre Pierre et un bus de touristes chinois est survenu... Ce dernier a dépassé sans aucune prudence Henri, puis Pierre, en serrant sur la droite. Pierre lui klaxonne dessus, le bus s'arrête au beau milieu de la route et les insultes fusent entre ces deux chauffeurs... Pierre relate les faits à notre guide et il nous explique qu'il faut attendre l'arrivée de la Police ! Les esprits s'échauffent, le chauffeur de bus et de mauvaise foi... Plusieurs policiers arrivent sur les lieux et demandent à chacun des deux chauffeurs leur version. Personne n'est d'accord ! Les passagers y mettent leur grain de sel, ainsi que notre groupe ! Pierre a la présence d'esprit de faire visionner la vidéo prise par sa caméra embarquée qui prouve que le bus est en tort en lui faisant une queue de poisson ! Néanmoins, après plusieurs heures de pourparlers, notre guide annonce à Pierre qu'il va devoir faire ses excuses au chauffeur de bus et lui verser un dédommagement de 5.000 yuan, soit environ 660€ ! Pour quelles raisons ??? Alors que le bus était un danger pour tous ! Pierre, pour ne pas retarder notre convoi, décide de payer ! Or, nous autres lui conseillons ou plutôt lui interdisons de verser la moindre somme à cet homme malhonnête et vicieux ! Il rétorque que s'il ne le fait pas sur le champ, il risque d'aller au poste de Police peut-être pour deux ou trois jours... Nous tous lui répondons que nous sommes prêts à retarder la suite du convoi avec Cécile et qu'il ne doit surtout pas céder puisqu'il n'est pas totalement en tort ! Pierre finit par accepter et s'excuse de nous ralentir à nouveau... Moy et moi-même ne pouvons pas imaginer laisser tomber notre ami à cet instant, nous le soutenons et l'aidons autant que possible !!!

Je (Chan) conseille à Pierre de prendre contact avec l'Ambassade de France pour son affaire lorsqu'il sera au commissariat ! Il part accompagné de Moy qui lui servira de témoin puisqu'il était à l'arrière dans le camping car de Henri et Olivier. Christophe et Elena nous mettent à disposition à nouveau leur voiture. Notre guide monte dans le véhicule de la Police avec le chauffeur de bus. Il leur servira de traducteur de chinois.

Une voiture s'arrête à notre niveau et il nous fait comprendre par des gestes qu'il nous a observé dans l'après-midi durant l'intercation avec le bus et que la réaction de Pierre vis-à-vis du chauffeur de bus était justifiée !!! Nous en rions !!! Nous l'invitons à se joindre à nous mais il nous fait qu'il comprendre qu'il revient nous voir de suite ! Chose, il est revenu avec plusieurs de ses amis tibétains et quelques bières !!! Nous trinquons tous ensemble en attendant le retour de Pierre, Amaury et Thobthen... L'ambiance est joviale et les tibétains nous demandent de nous prendre en photos avec eux ! Ils souhaitent échanger avec nous de la monnaie étrangère contre des yuans ! Je (Chan) leur offre une pièce d'un euros et un billets de 20 baths (Thaïlande) mais je refuse leur argent !

Entre temps, nous avertissons nos motards et Michel de la situation. Ils sont à plus de 100km de nous... Thobthen souhaite qu'ils nous rejoignent tous en attendant les dépositions au commissariat, comme l'exige la loi chinoise lorsqu'il s'agit d'un convoi de touristes étrangers conduisant leur propre véhicule...

Nos motards arrivent près de 3h après les avoir informés. Ils ont eu beaucoup de difficultés à remplir leur réservoir d'essence, les stations services ayant toujours des procédures très complexes mais surtout stupides pour les motos... Puis en chemin, Dominic a glissé et a chuté de sa moto ! Heureusement, plus de peur que de mal ! Nous sommes heureux de les revoir et de constater leur soutien, leur solidarité!

Thobthen informe Martin que nous pouvons exceptionnellement camper sur place ! Voilà enfin une bonne nouvelle ! Pas d'hôtel à payer pour cette nuit ! Nous divulguons cette information aux tibétains qui nous répondent que nous pouvons même dormir dans les maisons neuves vides aux alentours !!! Elles sont toutes accessibles, aucune n'est fermée à clé ! Nous n'avons que l'embarras du choix et nous partons tous à la visite des maisons !!! Chacun s'est appropriée sa maison, sa chambre !!! Au final, Pierre et Cécile dorment dans leur camion, ainsi que Henri et Olivier. Quant à Pascal, il choisit une maison à lui-seul et tous les autres une autre maison en face ! Quel luxe et quelle liberté!!!

Puis arrivent enfin Pierre, Amaury et Thobthen d'un air grave... En fin de compte, Pierre a dû verser 1.000 yuan (environ 130€) au chauffeur pour dédommagement (???) et l'agence chinoise a complété 2.000 yuan (???)... Néanmoins, le chauffeur chinois doit faire des travaux d'intérêts général car lui aussi était fautif ! Pierre ne s'en sort pas trop mal... Mais ils nous informent que les policiers leur ont empêché de contacter l'Ambassade de France... Mais de quel droit ??? Quel système dictatorial invraisemblable !!!... La Chine a les pleins pouvoirs au Tibet... C'est inadmissible !!!

Bref, nous nous réjouissons tous de leur retour malgré tout ! Nous sommes tous réunis, ou presque... Nous passons un très agréable moment à nouveau et célébrons le dénouement qui aurait pu être pire : rester bloqués durant plusieurs jours pour débattre de l'accrochage...

JOUR 17 : BAXOI (TIBET)

Après une bonne nuit à l'abri, nous reprenons le chemin pour Baxoi sous une légère pluie. Nous avons la hantise d'un nouvel accrochage, accident, problème mécanique... Mais la journée se déroule parfaitement bien, un des rares moments de répit !

Nous traversons des paysages époustouflants, malgré la brume et le brouillard, en longeant la rivière Leng, alternant canyons et plaines, avec un col à 4.515m.

JOUR 18 : MARKAM (TIBET)

Le temps n'est pas au beau fixe, il pleut, mais les paysages sont encore plus majestueux. Le convoi parcourt la route aux 99 lacets.

Quant soudain, Pascal, l'un de nos motards glisse et tombe de sa moto... Il arrive à se relever mais souffre de l'épaule droite... Je (Moy) tente de diagnostiquer son état, étant un ancien pompier volontaire, je ne décèle rien ni de fracture, ni de luxation de son épaule. Mais l'accident vient de se dérouler et Pascal est encore à chaud... Il n'est pas en état de reconduire sa moto ; Olivier se propose de la conduire, ayant aussi son permis, ainsi que Henri ! Pascal va enfin pouvoir se reposer dans la voiture de Christophe et Elena, qui l'emmènent au premier hôpital pour se faire soigner. Quant à moi (Chan), je monte dans le camping car de Henri et Olivier avec Moy. C'est le jeu du « véhicule tournant » !!! Nous sommes chanceux : notre 4x4 qui trouve sa place dans le camion de Pierre et Cécile, Olivier et Henri qui ont leur permis moto ! Rien n'aurait pu mieux s’imbriquer !

Quant à la moto, elle a subit de menues réparations, elle peut repartir.

Nous arrivons dans la première ville à une cinquantaine de kilomètres, Pascal est pris en charge à l'hôpital. Mais au bout de 2h30, le médecin diagnostique une luxation de l'épaule mais lui annonce qu'il ne se sent pas capable de la lui remettre... Il doit se présenter au prochain hôpital !!!...

Nous continuons notre route pour Markam, mais à nouveau les médecins sont incapables de soigner Pascal d'autant plus qu'ils n'ont pas de produits anesthésiants. Ils ont essayé de remettre son épaule en place mais sans succès. Le pauvre Pascal a souffert à se faisant manipuler grossièrement... Ils n'ont pas non plus de matériel médical, comme une écharpe pour maintenir l'épaule. Cécile lui a prêté son écharpe en attendant, depuis l'accident...

Je (Chan) conseille à Pascal de contacter son assistance médicale, Europ Assistance, pour qu'elle le prenne entièrement en charge : trouver un hôpital, un médecin capable de le soigner, trouver une ambulance pour les déplacements etc... Il ne pense avoir aucun moyen d'appeler vers la Belgique, son pays d'origine, et personne ne peut appeler avec une carte sim chinoise... (N.B. : les cartes sim chinoises peuvent uniquement passer des appels nationaux, mais on peut nous appeler de l'étranger... Les cartes sim chinoises internationales n'existent pas... Une autre aberration !... La Chine ne veut pas que ses ressortissants aient des contacts avec l'étranger ???...). Je trouve le moyen de contacter mes amies travaillant à Europ Assistance France, Olivia et Anaïs. Cette dernière pense pouvoir effectuer un transfert d'appel, alors qu'elle ne travaille pas ce jour. Malheureusement, manipulation impossible. Elle nous communique malgré tout le numéro en Belgique. Pascal tente d'appeler avec son mobile belge et cela fonctionne ! Il réussit à ouvrir un dossier ; il est à la limite de la durée de validité de son assistance à un jour près ! Il attend la prise en charge...

JOUR 19 : DEQIM (province du Yunnan)

Toujours pas de nouvelles de l'assistance médicale... Du moins, on ne lui trouve pas de solutions ; Pascal doit les informer de son état lorsqu'il sera dans une prochaine ville... C'est inadmissible que cette compagnie ne le prenne pas en charge ! J'ai (Chan) fait appel à cette même compagnie mais en France et tout s'est parfaitement déroulé, ils ont été très réactifs. Il semblerait que d'un pays à l'autre, le professionnalisme soit très disparate...

Pascal subit mais souffre en silence... Il ne cesse de nous répondre que ça va !... Il est très courageux et d'une gentillesse ! Il nous remercie de le soutenir et de rester auprès de lui. Mais il est impensable de le laisser seul, nous sommes un groupe solidaire, des amis, une famille !

Nous reprenons la route ; la matinée se déroule curieusement bien ! Mais nos espoirs s'envolent rapidement... Nous deux avec Henri voyons que Pierre et Cécile n'avancent plus. Je (Moy) crois qu'ils sont embourbés... Nous les rejoignons et le reste du groupe est déjà bien loin et ils ne nous voient pas. Pierre et Cécile ont à nouveau un pneu crevé... Nous sommes loin de tout, le village le plus proche est à une dizaine de kilomètres mais on n'y trouve certainement pas cette taille de pneus... Nous informons Thobthen, notre guide, pour qu'il trouve un magasin de pneus. Les heures passent et toujours pas de pneus correspondants... La seule solution est de faire venir des pneus à 600km d'ici par transporteur ; cela devrait prendre deux jours... Pierre ne veut pas laisser son camion seul. Je (Moy) lui propose de rester avec lui le temps de recevoir les pneus. Quant aux autres, nous partons rejoindre le reste du groupe à l'hôtel à environ 80km. La priorité est d'emmener Pascal à nouveau dans un hôpital. Christophe et Elena me (Chan) dépose à l'hôtel, puis ils accompagnent Pascal.

Nous venons de quitter la Chine, alors que Moy et Pierre restent côté Tibet...

Je vois la voiture de Michel et Prône, ainsi que l'une de nos motos dans le parking de l'hôtel. J'essaie de faire comprendre à la patronne que je veux une chambre comme pour mes compatriotes français. Elle me demande mon passeport et mon visa pour en faire des photos (non des photocopies). Elle m'en donne une chambre sans aucune difficulté. J'attends Cécile avec qui je partagerai la chambre. Entre temps, nous communiquons tous sur whatsapp et Olivier s'aperçoit que je ne suis pas au bon hôtel !... Le reste du groupe se trouve dans un hôtel à une cinquantaine de mètres plus bas !!! Qu'importe, j'ai payé la chambre et j'y reste ! Cécile m'y rejoint dans la soirée.

JOUR 20 : DEQIM

A nouveau, les médecins de l'hôpital n'ont pas souhaité soigner et/ou prendre en charge Pascal... Christophe et Elena décident donc de partir dans la matinée l'emmener dans un autre hôpital à environ 180km, à Shangri La, une ville plus étendue que Deqim.

Nous attendons par ailleurs l'arrivée de notre nouveau guide qui doit nous conduire aussi à Shangri La. Mais le reste du groupe refuse d'abandonner Moy et Pierre. Nous attendrons tous ensemble que Pierre puisse repartir avec son camion ! Le nouveau guide arrive aux alentours de midi et il nous annonce qu'il vient récupérer Pascal pour l'accompagner à l'hôpital à Shangri La... Malheureusement, il est déjà parti ce matin avec Christophe et Elena ! Le guide est-il venu inutilement ? Non ! Car Michel et Prône doivent se rendre dans cette ville pour retrouver leur nouveau guide. Tous deux ne continuent pas la traversée avec le reste du groupe puisqu'ils ont prévu dès le départ de remonter vers le Nord pour visiter la Mongolie. Tenzen, le guide présent et provisoire les accompagne donc à Shangri La ! Après une quinzaine de jours passés ensemble, Michel et Prône continuent leur chemin vers de nouvelles aventures...

Nous informons Dominic qui décide aussitôt de partir à Shangri La, rejoindre Pascal, Christophe, Elena, Michel et Prône; Deqim n'est pas une ville suffisamment attractive pour y rester deux ou trois jours de plus...

Nous restons donc à six à Deqim en attendant la livraison des pneus et nos deux compagnons d'infortune...

JOUR 21 : DEQIM

Le temps est maussade, pluvieux...

Nous nous ennuyons, peu d'attractions dans la ville de quelques milliers d'âmes... Martin et Fabian aimeraient aussi partir à Shangri La mais Thobthen refuse car nous sommes encore dans la province du Tibet et les règles restent draconiennes...

Quant à nous deux, Moy et Pierre, nous nous occupons comme nous pouvons en pêchant (oui encore, tout comme au Kazakhstan!). La pluie se fait de plus en plus intense et nous craignons des éboulements de terrain... Le camion est stationné en contrebas de collines et de nombreux tas de terres jonchent la route... Quant soudain, un glissement de terrain s'abat aux pieds du camion ! Heureusement pas suffisamment violent pour l'ensevelir !!! Nos décidons donc de prendre le risque de déplacer le camion à quelques centaines de mètres plus bas, un peu plus en sécurité. A tous moments, le pneu très abîmé peut éclater et Pierre perdrait le contrôle de son engin ; la route est pentue et glissante... Nous ne pouvons pas nous réfugier à l'abri, la route est prise entre le fleuve et les collines... La nuit, nous dormons d'un œil, à l'affût du moindre bruit d'éboulement...

Nous portons notre courage à bout de bras ; demain les pneus devraient nous être livrés !

JOUR 22 : DEQIM

Pascal n'a toujours pas été soigné... Il décide de se faire rapatrier en Belgique mais reviendrait continuer son road trip après ses soins ! Sage décision, d'autant plus qu'aucun des médecins consultés ne semblent compétents... en médecine, quel comble !!! Néanmoins, un problème le tracasse... Que faire de sa moto ? Il demande à Olivier et Henri s'ils se sentent capable de la conduire jusqu'au Laos et la faire garder le temps de ton rétablissement. Olivier et Henri répondent présents sans hésitation ! Quant à moi (Chan), je contacte ma sœur, mariée à un laotien, afin qu'elle interroge ses ami(e)s laotien(ne)s et belle-famille et trouver à Pascal un endroit sécurisé dans une propriété privée pour y garer sa moto. Ce matin Olivier, Martin et moi (Chan) partons visiter la ville en particulier le temple situé en haut de la montagne. Nous marchons près de 2h pour atteindre notre objectif.

Quelques brises atténuent nos coups de chauds ! Arrivée au sommet, nous découvrons le temple fermé. Nous repartons déçus. Quant un villageois, nous fait comprendre que nous pouvons visiter l'intérieur du temple ! Il nous y accompagne et en profite pour faire sa prière en circulant autour de l'édifice et en faisant tourner les roues des prières (N.B. : toujours dans le sens des aiguilles d'une montre!).

Nous repartons par un chemin différent de l'aller et nous tombons sur une gigantesque roue des prières qui surplombe la ville, la même roue que Olivier avait déjà repéré et qu'il voulait s'en approcher !

Nous la faisons tourner ensemble et chacun y va de sa prière... Nous contemplons tous trois ce moment précieux et de plénitude...

Le retour est bien plus rapide et moins épuisant ! Nous retrouvons nos autres compagnons.

Elena, Christophe et Dominic sont accompagnés du nouveau guide : Tony ! Ils partent ensemble à Lijiang et Pascal prend son avion vers la Belgique.

Quant aux pneus, ils devraient être livrés vers 18h. Cécile doit effectuer un virement du solde de la commande avant. Chose faite avec l'aide de la réceptionniste du premier hôtel. Quant à Pierre et moi (Moy), nous nous attelons à démonter le pneu usé afin de préparer la mise en place des deux nouveaux pneus. Les choses ne se passent pas comme je l'aurais souhaité... Tout est grippé ; nous devons forcer. Pierre tente de disquer et l'appareil ripe sur son pied... Sa chaussure est taillée. Je crains le pire ; un tendon sectionné, un os tranché etc... L'hôpital le plus proche est à plus de 80km ! Du sang coule de sa chaussure ; vite je dois réagir, mon expérience en tant que pompier volontaire durant des années devraient au moins interrompre le saignement ! Je découpe sa chaussure, lui retire sa chaussette et je découvre une plaie bien profonde jusqu'à l'os !... Mais heureusement, aucun tendon n'est touché, ni un os ! Ouf !!! Je m'empresse de nettoyer sa blessure et bander son pied.

Les catastrophes n'étant pas terminées pour la journée, j'écrase (Moy) mes doigts entre une barre de fer et le sol en essayant de faire levier... L'un de mes doigts est fortement touché ; il gonfle mais ne semble pas cassé. Que d'émotions encore !!!

Pierre ne veut pas que j'alarme Cécile. Néanmoins, j'informe nos compagnes de nos états de santé !... Le livreur arrive à l'heure prévue et nous montons les deux pneus. Tout se passe bien ! Nous nous hâtons de partir rejoindre le groupe à l'hôtel ; Pierre conduisant difficilement avec son pied blessé et mon doigt commençant à me faire horriblement mal...

Je suis heureux de retrouver mon épouse après ces trois jours de « séparation forcée » ! Nous partons dîner tous ensemble avant de continuer notre route le lendemain !

JOUR 23 : LIJIANG

Thobthen nous accompagne jusqu'à Lijiang pour retrouver notre nouveau guide, Tony. La province du Yunnan semble moins restrictive ! Faire le plein de carburant est un vrai jeu d'enfants; inutile de présenter son permis de conduire et plaques d'immatriculation chinois, de s'enregistrer, de remplir les jerrycans puis les verser dans les réservoirs etc...

La veille nous avons demandé à Thobten de prévenir Tony que nous souhaitons camper durant notre traversée du Yunnan ! Nous avons déjà repéré un lieu à proximité d'un lac. Thobthen n'y voit aucun inconvénient. Nous voilà enfin dans une province moins limitative où nous pouvons librement faire du camping sauvage ! Nous passons notre première nuit de bivouac depuis notre entrée en Chine, quel bonheur !!! Au menu, un barbecue de bœuf accompagné de pommes de terre cuites dans des canettes de bière!!! Un régal!

A peine notre campement installé qu'un chinois s'approche de notre groupe et s'adresse à moi (Chan) en pensant que je suis aussi chinoise... Je comprends qu'il nous interdit de camper sur les lieux. Je lui demande si le terrain ou le lac lui appartient mais il me répond à la négative... J'insiste donc sur le fait que nous n'évacuerons pas malgré son obstination. Au bout de 5min, il finit par baisser les bras et partir! Nous n'avons pas eu la visite de policiers...

JOUR 24 : DALI

Nous profitons de visiter la vieille ville de Lijiang avant de continuer notre chemin vers Dali.

Une ville qui pourrait être plus charmante s'il n'y avait pas toutes ces boutiques à touristes...

Puis nous retrouvons nos autres co-équipiers et Tony en cours de chemin. Certains partent trouver un lieu de bivouac et d'autres visitent la vieille ville de Dali.

JOUR 25 : ZHENYUAN

Nous nous réveillons trempés ; la pluie a commencé à battre vers 4h du matin... Ce soir nous dormons tous à l'hôtel, où nous avons un contrôle « inopiné » de la Police chinoise...

de notre chambre, je (Chan) vois six à sept policiers sur le parking de l'hôtel qui semblent assiéger les lieux... J'appelle Moy et nous sommes tous deux très étonnés de leur présence !

Je (Moy) descends afin de récupérer des affaires dans les véhicules. Je (Chan) continue à observer les policiers de la fenêtre de la chambre et je vois Henri près de son camping car qui souhaite nous rejoindre à l'intérieur de l'hôtel. Cependant, les policiers lui en empêchent et lui demandent de rester près de son véhicule... Je (Moy) m'approche de Henri et Olivier arrive aussi. Personne ne comprend ce qu'il se passe ; nous devons appeler Tony, parti dans un autre hôtel, pour clarifier la situation.

Quant soudain, on frappe à notre porte ! J'ouvre (Chan) et Tony se présente avec cinq à six policiers, en plus de ceux qui attendent en bas au parking... Je lui demande ce qu'il se passe. Les policiers souhaitent inspecter tous nos sacs, uniquement ceux de notre convoi... Je dois tout sortir moi-même ; les policiers ne sont pas autorisés à fouiller eux-même ! Un livre se trouve dans un de mes sacs et un des agents le feuillette... Rien à signaler ! Ils me remercient et s'excusent du dérangement... Ils tentent de fouiller nos autres co-équipiers mais certains n'étaient plus dans leur chambre, d'autres sous la douche etc... Néanmoins, ils inspectent le camping car et non les autres véhicules. Nous n'avons aucune explication ; puis tous les policiers repartent...

JOUR 26 : MENGYANG

Nous sommes proches de notre destination ; nous voyons le bout du tunnel...

Mais aussi près du but, il fallait bien un dernier obstacle!!!... Après avoir parcourue une vingtaine de kilomètre, nous faisons face à un barrage... de travaux! Tony se renseigne auprès des ouvriers qui lui informe qu'il faudra patienter environ 3h... Nous consultons nos différents GPS pour emprunter une route secondaire. Or, il faudrait revenir sur nos pas à 20km puis effectuer un grand détour. Nous décidons finalement d'attendre l'ouverture du barrage.

Entre temps, Martin prend l'initiative de partir faire du repérage en moto sur cette portion de route barrée, accompagné de Fabian. A leur retour, ils nous annoncent que la route est parfaitement praticable et que même le camion peut la traverser! Tony essaie de convaincre "le boss" de nous laisser passer mais sans succès, car nous prendrions trop de risques selon lui... Néanmoins, les motards y sont autorisés! Ils partent prendre de l'avance et nous trouver un hôtel pour la nuit.

Nous nous installons dans la vallée des éléphants. Nous n'avons aperçu aucun de ces pachydermes !... Une légende urbaine???...

Ayant dîné très tôt, je (Moy) descends à l'étang situé en-dessous de l'hôtel pour pêcher ! Et cette fois-ci, la pêche est miraculeuse !!! Une bassine remplie de poissons feront office de repas pour toute la famille de l'hôtel le lendemain !

JOUR 27 : MOHAN

J-1 avant notre sortie de la Chine !!! L'hôtel est à peine à 1km de la frontière... Tout le groupe est fébrile et surexcité !

Dernière mission avant le passage : sortir notre 4x4 du camion de Pierre ! Nous devons impérativement rouler avec notre engin lors du passage en frontière, afin que les douaniers certifient réellement son extraction du pays, même si nous n'avons pas eu le permis de circuler... Nous sommes tous deux anxieux et ignorons si cela se déroulera en toute quiétude...

A notre arrivée à Mohan, Tony, notre guide, aperçoit un garage ; tout le groupe nous y accompagne pour évacuer notre voiture ! La solidarité est toujours bien présente !!! Le groupe entier s'affaire à extraire toutes les affaires stockées dans notre 4x4 et dans le camion, même Tony!

Nous utilisons le pont du garage le temps de l'opération. Pierre effectue la manœuvre de son camion...

Notre 4x4 sort enfin de sa cage !!!

J'en (Moy) profite pour repurger le système de freins avant de descendre notre voiture du pont. Tout le groupe s'agite pour recharger le camion de toutes leurs affaires de Cécile et Pierre et les sangler, en attendant de réaliser les nouveaux travaux d'aménagement intérieur !

Après 3 à 4h de travaux, les deux engins sont enfin prêts à repartir individuellement. Mission accomplie !!! Néanmoins, nos freins sont beaucoup moins opérants qu'avant... Les mécaniciens chinois ont détériorés le système ! Nous aviserons plus tard au Laos ou au Cambodge. Pour le moment, nous roulerons prudemment...

Plus tard, nous célébrons ce moment tous ensemble autour d'un bon repas. Nous sommes euphoriques ; nous réalisons que la Chine sera bientôt loin derrière nous...

JOUR 28 : SORTIE !!!

Le moment tant attendu arrive !

Nous deux avons toujours en tête cette crainte de n'avoir pas l'autorisation de sortie de la Chine à cause de notre voiture « non homologuée à la circulation »...

Mais à notre grande surprise, aucune complexité, aucune complication, aucun obstacle, aucune résistance ; les douaniers chinois nous laissent passer la frontière !!!

Puis nous arrivons côté Laos. Nous présentons nos passeports et des douaniers nous demandent 2$ par personne sans en avoir le motif ni le justificatif... Puis 30$ pour chaque visa de 30 jours. Nous distinguons un guichet où est écrit en laotien et anglais, les demandes de permis de conduire. J'ai (Chan) pourtant lu auparavant que le permis de conduire international, que nous possédons tous deux, suffit pour la conduite au Laos et Cambodge. Je (Moy) consulte le douanier et lui fournit mon permis de conduire international, avec lequel il me produit le permis de conduire laotien d'un montant de 4$, encore...

Je retourne faire la queue pour le dernier passage de contrôle et Chan avertit les autres pour le permis. Par la suite, certains de nos co-équipiers nous informe que notre permis international suffit au Laos. Ni une ni deux, je retourne voir le douanier qui m'a fournit le permis laotien et lui réclame de me restituer les 4$ puisque le permis produit est superflu ! Il ne conteste pas et me rembourse...

Nous voilà maintenant prêts pour faire valider nos visas et la sortie de notre véhicule de la Chine !

Ce passage en douane est relativement rapide : 2h pour tout le groupe ! Or, si Henri n'avait pas été amené et interrogé par les douaniers dans un bureau en toute discrétion, sur l'objet de notre visite et de notre groupe, nous aurions déjà traversée la frontière !!!

Au final, la sortir est bien facilitée et nous sommes tous joyeux de quitter la Chine pour continuer notre belle aventure ! Adieu Chine...

En conclusion :

Cette aventure chinoise est sans nul doute la pire de notre expérience... Des obstacles administratifs, des accidents, des problèmes mécaniques, le manque de liberté, les censures, les hôtels peu bon marché, les longues distances parcourues au quotidien, le peu de visites culturelles etc... font de ce voyage une réelle contrainte ! La Chine est presque le passage obligatoire pour aller en Asie du Sud-Est...

Nous avons néanmoins traversés de fantastiques paysages, partagés d'intenses moments avec ce groupe, découvert une réelle amitié et une magique solidarité. Nous n'avons rien à regretter ! Mais si c'était à refaire, nous ne vous conseillons surtout pas de visiter la Chine en self-driving ; tout est fait pour décourager ce profil de voyageurs !!! Prenez simplement votre sac à dos et découvrez toutes les merveilles de ce pays...

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